La meute de Chânais tome 7: Kerwan - la déchirure (French Edition) by Ysaline Fearfaol

La meute de Chânais tome 7: Kerwan - la déchirure (French Edition) by Ysaline Fearfaol

Auteur:Ysaline Fearfaol [Fearfaol, Ysaline]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2020-03-20T23:00:00+00:00


Chapitre 11

— Content de voir que tu ne m’as pas oublié, mon cher frère… persifla le ravisseur d’Inaïa.

— Comment pourrais-je oublier mon propre frère ? souffla Kerwan d’un ton douloureux.

— Je ne sais pas, moi… Peut-être parce que tu l’as abandonné jadis ?

L’ancien second de la meute ferma les paupières pour retenir ses larmes.

— J’ai essayé, Enguerrand… Je te jure que j’ai essayé d’empêcher ce qui t’est arrivé, mais je n’ai pas eu le choix.

La prise d’Enguerrand sur sa prisonnière se renforça tandis qu’il lui susurrait quelques mots emplis de haine :

— Toi aussi, il t’a eue par ses belles paroles, petite druidesse ? Tu as cru à son numéro de chevalier sans peur et sans reproche ? Tu risques d’être bien déçue, quand il t’avouera la vérité…

Le regard brillant de colère du jeune homme revint sur Kerwan alors qu’il lançait, venimeux :

— Car c’est toi qui vas tout lui raconter, cher frère… Tu vas te mettre à genoux, et tu expliqueras à ta dulcinée de quelle manière tu m’as brisé, jadis, toi qui avais juré de toujours me protéger.

La guerrière se figea lorsque Kerwan obtempéra sans un mot de protestation. Une telle attitude était si peu conforme à son tempérament… Le dénommé Enguerrand n’avait même pas eu besoin de la menacer pour soumettre Kerwan. La découverte de leur lien de parenté ne l’avait pas vraiment surprise – Enguerrand ressemblait trop à son frère pour qu’elle ne l’ait pas déjà supposé –, cependant, l’animosité qui exsudait de toute la personne de son ravisseur l’amenait à se poser beaucoup de questions. Son don ne pouvait pas avoir menti. Kerwan de Chânais était un homme d’honneur. Jamais il n’aurait abandonné l’un des siens. Il ne feignait pas en disant qu’il n’avait pas eu le choix, alors qu’est-ce qui pouvait bien conduire Enguerrand à l’accuser de l’avoir trahi ?

L’attention de la jeune femme se reporta sur Kerwan, qui poursuivait d’une voix désespérée :

— Enguerrand, je t’en supplie, crois-moi… J’aurais pris ta place, si j’avais pu, je t’en donne ma parole !

— Tu ne t’es pas beaucoup précipité, pour cela.

— Laisse-moi t’expliquer, par pitié…

— Non. Tu vas d’abord raconter à la jolie demoiselle ce qui s’est passé, le jour de mes quatorze ans. Qu’elle sache quel merveilleux cadeau tu m’as fait pour le jour où je devais devenir un homme[11].

Kerwan baissa la tête alors que les souvenirs affluaient, aussi vifs que ce jour-là.

Ce jour maudit où il avait sacrifié son frère cadet…



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